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Le Figaro:”Ma fille est revenue plus confiante en ses capacités”: l’attrait des boarding schools

Marie de Montigny – Le Figaro

Publié le 14/04/2022 à 13:32, mis à jour le 14/04/2022 à 14:35

NOS CONSEILS – Des familles françaises choisissent d’envoyer leur enfant dans une école britannique le temps d’un trimestre ou d’une année. Le Figaro vous guide pour faire les bons choix dans cette aventure scolaire. 

En cravate et blazer bleu marine, fouler un gazon entretenu à la perfection et se diriger vers un petit manoir en pleine campagne pour une leçon de mathématiques. Dans l’après-midi, monter à cheval, s’essayer au cricket, pousser la porte du club d’éloquence ou poser son instrument au beau milieu d’un orchestre aux couleurs de l’école.

En fin de journée, faire le point avec son tuteur, avant de rejoindre sa maisonnée pour la nuit. Mieux qu’un cliché, voici une journée type en boarding school britannique. Le pensionnat en Angleterre séduit certaines familles françaises[1], en quête pour ses enfants d’une aventure «un peu extraordinaire».

Les motivations des familles

Charlotte Lestienne, repère trois profils types parmi les familles qui frappent à la porte de son agence, The Way to the UK[2]. Tout d’abord, l’élève en difficulté, dont les résultats décevants mènent au redoublement et sur qui un changement de décor aura un effet salutaire. «On envoie l’enfant faire le dernier trimestre en Angleterre pour que l’année ne soit pas complètement perdue. Voire une année complète pour faire une coupure et tester un système anglais qui pourrait mieux correspondre à l’enfant.» Ensuite, le profil élève précoce, gravissant trop vite les échelons scolaires. «14 ans en fin de Seconde, sans être assez mature pour la Première, et son choix d’options. Ces enfants excellents viennent passer une année pour découvrir autre chose et revenir plus mûrs.» Enfin, avec la quasi disparition du correspondant anglais, on trouve «des enfants qui veulent améliorer leur anglais au cours d’un trimestre, souvent en fin de 5e, 4e ou Seconde, et capables de réintégrer facilement le système scolaire français par la suite».

Un séjour parfois étendu au-delà de la durée initiale tant les enfants sont séduits, et qui teinte la suite du parcours scolaire. Après un trimestre prolongé en année complète de boarding school en Year 8 (classe de 5e), la fille de Béata est revenue «encore plus autonome, confiante en ses capacités. Elle a également découvert un système scolaire très différent de celui de la France, avec des groupes de niveau où chacun avance à son rythme. Ainsi que l’importance du sport dans la vie quotidienne. Des élèves d’autres nationalités lui ont parlé de leur système, leurs coutumes. Notre fille s’est ouverte au monde». Rentrée en France «bilingue et diplômée du Cambridge First Certificate», elle s’inscrira quelques années plus tard, en Seconde, «au programme Dual Diploma qui permet de passer son baccalauréat américain en même temps que le français. Elle envisage très sérieusement des études en Angleterre ou aux USA».

L’expérience sur place 

Dans ces institutions dédiées à l’éducation des enfants, les petits Français découvrent une scolarité à la sauce britannique[3]. «L’éducation en France peut être perçue comme très austère, les relations avec les enseignants et le personnel sont formelles et distantes, ce qui est complètement le contraire au Royaume-Uni. Il existe une vraie relation de soutien et bienveillance avec les tuteurs, les enseignants et le personnel de l’internat», explique-t-on à la Royal Hospital School[4], un internat du Suffolk. «La façon dont les cours sont dispensés en Angleterre est très pratique et fondée sur la mise en situation. Dans les cours d’anglais par exemple, il y a beaucoup plus d’interactions. Et il ne s’agit pas seulement de cours académiques, puisque nous proposons aussi une gamme complète d’activités parascolaires: art, design, musique, sport (voile, cricket, escalade, golf …) et théâtre.» Une vision de l’éducation au sens large, qui valorise tant les talents académiques que sportifs ou artistiques, «un encadrement bienveillant, des professeurs partenaires de leurs élèves, la force du collectif et la vie en communauté». Cette formule permet de renouer avec «la confiance en soi et le plaisir d’apprendre», relève avec enthousiasme Sophie Faujour, dont les deux fils ont étudié à Malvern College[5] et Ampleforth College[6] de la Y9 à Y13 (4e à Terminale).

Les pensionnats britanniques, pluri-centenaires pour certains, sont rodés à l’accueil des enfants, et notamment des élèves internationaux. Aux premiers jours de la scolarité, lors des induction days, un buddy (sorte de parrain de la même classe), est assigné à l’enfant et l’aide à se familiariser avec l’établissement. À la place des cours de littérature anglaise suivis par le reste de la classe, les élèves étrangers se voient proposer des cours d’anglais spécifiques, en petit effectif, plusieurs fois par semaine. Les enfants sont logés dans des houses (maisons), supervisées par un housemaster ou une matron qui habite sur place, et s’occupe des divers besoins et de la santé. Un tuteur leur sont également assignés, pour les soutenir dans leur travail.

“Cette expérience m’a beaucoup appris, jusqu’à développer un sens de l’entraide  suffisant pour me lever 4h du matin pour réconforter les plus jeunes à qui leurs parents manquaient.”

La fatigue des premiers temps d’immersion, les effets du mal du pays et de l’éloignement des familles, surtout pour les plus jeunes, sont contrebalancés par l’encadrement, la multiplicité des activités et la vie en communauté. «Le fait d’être souvent avec des personnes nous occupe l’esprit et nous évite de penser à notre famille. C’est comme un voyage scolaire, ou une colonie de vacances tous les jours, l’ambiance est super et on se fait beaucoup de souvenirs! Cette expérience m’a beaucoup appris, jusqu’à développer un sens de l’entraide suffisant pour me lever 4h du matin pour réconforter les plus jeunes à qui leurs parents manquaient», se souvient Alix*, partie en 4e. Côté famille, «quand on laisse son enfant, c’est raide ! Et il faut accepter de lâcher prise sur la scolarité, car on est trop loin pour piloter et il y a des tuteurs pour faire le job», explique Caroline Guntzberger, dont son fils est actuellement en pensionnat près de Bristol. «Il faut juste vérifier que l’environnement est sécurisant, que l’enfant va bien, et aller le voir souvent.», mais aussi le munir d’un téléphone portable «pour un contact régulier» et lui fournir de l’argent de poche «pour les petits besoins, un dentifrice perdu, l’achat d’une glace».

Le meilleur moment pour partir 

Pour les familles comme les agents plaçant les enfants, il est important de discuter du projet dès sa genèse avec le directeur de l’établissement français. Un projet pas toujours bien accueilli par le corps professoral. «Ils sont tombés de l’armoire et nous ont demandé comment nous pouvions faire cela à notre enfant!» se rappelle un parent. Il faut bien s’assurer des conditions de retour, avertit Olivia Bédier, fondatrice de l’agence School Britannia[7]: «l’enfant pourra t-il bien réintégrer l’établissement? Va-t-il devoir redoubler à son retour?». Le redoublement est souvent imposé pour un départ en 3e ou Seconde, mais moins systématique pour les plus petites classes (5e et 4e).

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Se pose aussi la question de la meilleure classe pour partir. «Au trimestre, j’ai beaucoup de demandes pour le dernier trimestre de 5e. Également en 4e. Évidemment pas en 3e avec le Brevet. Et la Seconde, pour le dernier demi trimestre. À l’année, un peu de tout mais beaucoup de Secondes», détaille Olivia Bédier. C’est la classe de 4e qu’a choisi Caroline Guntzberger. «Nous avons choisi cette année de 4e car il n’y avait pas d’enjeu. Il a toujours su, depuis tout petit, qu’il partirait un an en Angleterre, tout comme ses deux frères cadets. C’est un projet de famille.» Avec son mari, elle commence les démarches d’inscription seule. Devant les sites internet «très vendeurs» des établissements, ils constatent rapidement leur «manque de recul, n’étant pas sur place et ni anglais nous-mêmes. Nous ne comprenions pas s’il s’agissait de bonnes ou de moyennes écoles, si on les mettait dans un établissement particulier.»

“Nous avons choisi cette année de 4 e car il n’y avait pas d’enjeu. Il a toujours su qu’il partirait un an en Angleterre, tout comme ses deux frères cadets. C’est un projet de famille.”

La famille s’adjoint les services d’un agent. Celui-ci aidera la famille à déterminer le profil d’école à contacter. Activités sportives ou artistiques, part d’élèves pensionnaires, «certaines sont en ville, d’autres complètement à la campagne, d’autres près de l’Eurostar ou d’un aéroport. Écoles de filles, de garçons, mixtes, avec ou sans uniforme. Plus ou moins traditionnelles. Il y a énormément de choix», énumère Charlotte Lestienne. Dans ces écoles très rodées et dirigées comme des entreprises, il est possible de visiter l’école lors des Open Days (journées portes ouvertes). L’occasion de prendre la température et percevoir l’esprit de l’école. Les dossiers de candidatures reçus, l’école fera passer un entretien en anglais à l’enfant (parfois à la famille). Entretien au cours duquel le headmaster (directeur) ou le responsable des admissions l’interrogeront sur ses attentes et ses centres d’intérêt. Suivront généralement un test d’anglais et parfois de maths, pour les placer dans des groupes de niveau.

Sur le volet administratif, quelques démarches seront nécessaires. Pour un séjour d’une durée de moins de 6 mois, l’élève n’a pas besoin de visa. En revanche ce sera bien le cas si l’enfant reste plus de 6 mois. La famille devra alors également s’acquitter de la NHS surcharge, c’est-à-dire le droit d’accéder aux services de santé publique britannique. Il aura également besoin d’un tuteur légal vivant sur place. Last but not least, les familles s’aligneront sur des coûts de scolarité auxquelles elles sont peu habituées en France : entre £30,000 et £40,000 l’année (de 35.400 à 47.200 euros).

*le prénom a été changé

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Le Figaro.fr: – https://www.lefigaro.fr/international/ma-fille-est-revenue-plus-confiante-en-ses-capacites-l-attrait-intact-des-boarding-schools britanniques-20220414

1) http://www.lefigaro.fr/international/francais-de-londres-quelles-aides-gouvernementales-pour-acheter-son-premier-bien-immobilier-20220328

2) https://www.thewaytotheuk.com/

3) http://www.lefigaro.fr/international/tous-nos-eleves-sont-eduques-en-francais-et-en-anglais-les-cles-du-succes-du-lycee-international-de-londres-winston-churchill-20211209

4) https://www.royalhospitalschool.org/

5) https://www.malverncollege.org.uk/

6) https://www.ampleforthcollege.org.uk/college/

7) https://schoolbritannia.fr/

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